Esclavage: Document Guerre de 1914-1918
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  Lauries'lingerie
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 Avant-propos
 Les textes qui suivent sont  recopiés de l'encyclopédie Universelle de Dupiney de Vorepierre de 1881.
 Ils disent avec les mots de leur temps, l'état de l'opinion des plus grands esprits représentatifs de la pensée en France sur tous les aspects du savoir à la fin du 19° siècle. Les noms les plus connus parmi cent, illustrent cet ouvrage à côté d'autres: Ampère, Arago, Cousin, Cuvier, Faraday, Foucault, Jussieu, Le Verrier, St-Hilaire; Violet le Duc...Ces articles montrent au-delà des polémiques vaines et anachroniques, que des hommes représentatifs de leur temps ont eu un regard humaniste sur ce qui est une grande honte de toutes les sociétés humaines.
 -- La nuit du 4 août 1789 est la plus grande date de l'histoire de France ; peut-être de l'humanité.  En une nuit, des hommes de bonne volonté ont renoncé à des privilèges les pluis inouis dont les fondements remontaient à la nuit des temps ; cela ne s'était vu nulle part. L'abolition de l'esclavage est pour l'humanité un principe qui rend légitime toute opposition à la servitude sous quelque forme que ce soit en quelque lieu du monde. Mais ce n'est pas par la révolte ou les armes que l'humanisme progresse. C'est par la parole forte, la conviction partagée qu'un jour, une poignée d'hommes décident que les choses doivent changer. Aussitôt, ce qui était apparu comme une montagne ou une forteresse immuable s'écroule dans la ruine d'une dictature ou d'une pensée dominante. La volonté de quelques uns est plus forte que les armes.

Au commencement du XV° siècle, au moment où les serfs commençaient à disparaître, rien ne pouvait faire supposer que ce honteux événement s'accomplirait dans le monde chrétien. C'est pourtant ce qui eut lieu, et il est à remarquer que ce honteux événement s'accomplit dans des pays qui se piquaient d'observer avec le plus de ferveur les enseignements du Christ.
Les musulmans chassés de l'Espagne après la bataille de Ceuta, en 1415, allèrent chercher asile dans les différentes parties de l'Afrique.
 Les Portugais les y poursuivirent jusque sur les côtes d'Arguin (en Mauritanie), et, en 1440, ils en amenèrent quelques uns à Lisbonne, où ils les réduisirent en servitude.
 L'appât du gain tenta les aventuriers, et d'autres enlèvements eurent lieu. Les parents de ces pauvres prisonniers, ne pouvant les racheter, offrirent en 1442, de les échanger contre des esclaves nègres, et de cet échange, naquit l'infâme trafic qu'on a depuis appelé la Traite des noirs.
 Les Espagnols, les Anglais suivirent bientôt l'exemple des Portugais, et, en quelques années, tout le littoral de l'Afrique, depuis l'embouchure du Sénégal jusqu'à l'extrémité de l'Angola, devint un immense marché d'esclaves pour la plupart des nations européennes. Toutefois, dès 1462, la papauté essaya de s'opposer à ce honteux commerce, mais ses efforts furent impuissants.
 La découverte du nouveau monde ouvrit un immense débouché à la traite.
 Dès 1502, les Espagnols transportèrent des cargaison de nègres aux Antilles pour remplacer la population indigène que leurs mauvais traitements avaient presque complètement anéantie, et peu à peu, ils étendirent le même système à leurs autres colonies d'Amérique. Dans le principe, le commerce des nègres avait été simplement toléré; mais en 1517, Charles Quint le consacra officiellement en accordant à un seigneur flamand le privilège de transporter 4000 noirs dans les grandes Antilles.
 A la fin du 16° siècle, la traite était organisée sur la plus vaste échelle. Tous les états européens qui possédaient des colonies en Amérique, l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande, le Portugal, la France, se livrèrent avec ardeur à ce commerce abominable, qu'encourageaient d'ailleurs les gouvernements respectifs de ces pays. Ainsi, par exemple, chez nous, on accordait des primes aux négriers, et ces primes s'élevaient chaque année à deux millions de livres en moyenne.
 Les ports principaux de l'Europe et de l'Amérique expédiaient incessamment des navires fins voiliers qui se rendaient  sur les côtes d'Afrique pour y chercher des cargaisons d'esclaves. ils se procuraient ces malheureux, tantôt au moyen de descente à mains armées, tantôt, et ce système finit par prévaloir, en vertu de traités avec les petits souverains du pays qui vendaient leurs prisonniers de guerre, souvent même leurs sujets et leurs parents, pour quelques objets de rebut ou des barils de mauvaises liqueurs alcooliques. On n'évalue pas à moins de 100 000  le nombre des Africains qui allaient chaque année en Amérique combler le déficit que causaient l'influence du mauvais climat et les mauvais traitements des maîtres.